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Le blog du trail des lucioles.
29 juin 2008

La Course 2008 vu par Boris des semelles de plomb

Pour tenter de vous faire vivre de l’intérieur la superbe et exigeante course de Castelnou.

De l’intérieur également parce que de l’extérieur, on n’y voyait pas grand-chose. boris

Prenez 10 mn, asseyez vous bien confortablement dans votre fauteuil, respirez un bon coup, on y va……

Prenez un bon 17 Kms, ajouter un soupçon de bitume, beaucoup de piste, de terre, de caillasse, de cailloux et de rochers. De la garrigue, de la forêt. Traversez les villages de Castelnou et de Camélas, des routes, et même un lit de rivière.

Pour corser le tout, faites un parcours bien vallonné, avec un dénivelé positif total de 800m dont une ascension de 300m au 11ème km. De quoi bien vous couper les jambes. Et tiens, si on y était, pourquoi ne pas donner le départ à 22h30, en pleine nuit. Comme ça, les allumés, les biens nommés, devraient courir à la frontale. Vu de loin, ça pourrait ressembler à une procession de lucioles.

Voila, vous avez la recette de la Ronde de Lucioles, la course de ce dernier week-end. Et sans doute, la manière dont à pu germer cette idée à quelques illuminés, au tour d’un petit verre en fin de soirée.

Et que penser si on vous raconte que c’est super, qu’on s’est éclaté, qu’une fois encore nous sommes allés au bout de nous même. Que la ligne d’arrivée une fois franchie, le sentiment de plénitude associé à la fatigue due à l’effort fourni pendant plus de 2 heures vous envahie pour vous vous faire arborer un sourire béat. Au milieu de la tribu des coureurs au sourire béat. Parce qu’en plus, nous ne sommes pas seul. Plus de 200 en ce samedi soir, randonneurs compris. Manu, Jean-Claude, Robert et Boris pour Les Semelles, sans oublier Carine, Alain et Elodie, els amics ; ni le sympathique Rémi que l’on croise quasiment tout les Dimanches et qui était venu un peu à l’aventure. Il n’a pas été déçu du voyage. Le départ, donné à 22h30 donnait l’occasion à la caravane de s’élancer à l’assaut du parcours. Une boucle dans le village permettait aux accompagnants d’encourager les leurs avant de les voir s’engouffrer dans la nuit de l’été enfin arrivé. La première difficulté se trouvait là, juste à la sortie de Castelnou. Plus d’éclairage public, un sentier étroit et rocailleux, en descente pentue. Les yeux doivent s’adapter, le champ de vision est réduit à un rond de lumière situé à 2 mètres devant soi. Les repères sont totalement différents. Réapprendre à courir. On manque de tomber à chaque foulée. On se prévient des obstacles entre coureurs. Et dire que ce n’est que le début ! Manu et J-Claude sont partis devant. Ils veulent se donner. Je suis la foulée de Carine qui n’a pas de mal à s’accrocher à la longue file que nous formons maintenant sur ce sentier étroit qui monte sur les crêtes. Derrière doivent suivre Robert et Alain avec qui j’avais prévu de faire ma course. Le rythme est élevé. Je m’accroche ? Je les attends ? Impossible de lâcher maintenant. Ne pas revivre Escaro. Et pourtant ça en prend tout droit le chemin. Dans cette montée, Manu aura réussi, tel un cabri, à doubler des concurrents obligés de marcher. Pas J-Claude qui ne le retrouvera qu’a l’arrivée. Heureusement, le parcours est vallonné et s’enchaine la descente. Je cours avec 2 inconscients sans lumière. Je leur ouvre le chemin un bon moment. Face à nous, la plaine du Roussillon s’illumine. La fête de la musique doit battre son plein. Mon cœur aussi. Carine, elle ne s’éclaire plus devant moi depuis longtemps. Elle a du réussir à garder le contact lors de l’accélération. Le chemin laisse place à une piste roulante. Ca monte, ça descend. On se fait doubler, on rattrape. Quelques personnes nous encouragent à la lumière des phares lors de l’intersection de la D48.  J’arrive à revenir sur un petit groupe de 6 coureurs. Une femme chute. Tout va bien, elle se relève sans bobos apparents. Mais le danger reste omniprésent. Quelques kms plus loin, notre groupe resté homogène traverse le lit asséché d’une rivière qui marque le début de l’ascension vers la chapelle St Martin. Le point culminant de notre épreuve n’a cessé de se rappeler à nous depuis le départ, avec son gyrophare au sommet, visible quasiment de chaque endroit, de chaque foulée, comme pour nous inviter à garder force et humilité. Le petit sentier raide à travers la forêt fait des dégâts. Mes jambes me font mal. Mon souffle n’arrive pas à s’adapter au changement de rythme. Notre groupe se disloque en trois, avec moi au milieu. Le flot de randonneurs parti une heure plus tôt commence à se faire plus dense.  Nous sommes au 11ème Km. Camélas. lucioles_2008_1162Les habitants nous regardent traverser, encourageants pour certains, compatissants pour d’autres ou carrément étonné par tant d’efforts inutiles pour un vieux monsieur à son balcon. En levant la tête vers lui, je peux voir au second plan, les lucioles gravir, à 45° la montée vers la chapelle. Terrifiant. A la sortie de ce village rue, le ravitaillement. Le seul, l’unique. Je vois Carine à 20 mètres qui repart. Je n’ai même plus la force de l’appeler. A quoi bon de toute façon. J’ai besoin de m’arrêter pour reprendre quelques forces. Quartier de citron, un peu d’eau. Je re-rempli une de mes 4 gourdes que je porte à la ceinture. J’absorbe la moitié du tube de « coup de fouet » que j’avais emporté. Alain arrive lui aussi au ravito. Il repart presque aussitôt. Je lui emboite le pas. Virage à droite et …..Le mur. Le moment de vérité. La verticalité impressionne. Les pas sont réguliers. Parfois l’on s’aide des mains. Souvent. Les jambes qui ont beaucoup donné sont en surrégime. C’est la tétanie. On souffle. Alain prend quelques mètres mais se retourne régulièrement. Je ne sais s’il m’attend ou s’il récupère. On souffre. Les derniers mètres se font à l’arraché, à l’énergie qui revient de nulle part. Au moral. Je crie, comme pour me libérer. Comme pour à mon tour narguer le gyro. Je m’asperge d’eau et fini le tube de coup de fouet. «Encore 5 Kms » nous annonce un organisateur. Tel un inconscient, j’attaque la descente pied au plancher, bravant le risque. Je ne sais pourquoi, mais à ce moment là je me suis dit que j’étais arrivé. Je dépasse Alain pour la dernière fois. Je récupère pas mal de coureurs, et sur la piste roulante fait équipe avec le n°116. On court vite. On doit faire plus de 15 km/h. Vraiment extra le coup de fouet. Seulement, Castelnou est encore loin, et à 2 kms de l’arrivée je dois laisser partir mon acolyte lors d’une des dernières remontées. La faute également aux crampes qui se préparent. Elles sont là, prêtent à surgir. Je suis à la limite. Mon corps n’en peut plus et c’est tel une machine que j’avance. Le fait de doubler quelques randonneurs me donne la fierté nécessaire pour ne pas marcher à mon tour. Je me surprends à tituber. Et là, à cet instant de rupture, au détour d’un ultime virage, de la musique éveille mon ouïe, de la lumière éclaire la noirceur des lieux, et en contrebas, juste à cent mètres de moi j’aperçois le fameux boudin bleu gonflable de l’Indépendant marquant l’arrivée. Il n’a jamais été aussi beau. Je lève les bras, serre les poings. Je peine à m’arrêter et manque de faire tomber la dame chargée d’enlever le coupon du dossard. Je suis accueilli en héros que je suis maintenant par Manu et J-Claude, dont j’apprends qu’il vient juste de franchir la ligne. 20’’ juste avant. Et personne d’intercalé entre nous ! On se congratule. Manu, arrivé 22’ avant ! à eu le temps de récupérer son appareil photo à la voiture. On immortalisera ces instants. C’est au tour d’Alain de franchir la ligne. On retrouve Carine arrivée depuis 3’27’’. On attend Robert qui nous rejoint seulement 5’ plus tard, alors qu’il était gêné par un méchant rhume. Tous ensembles nous rejoignons la secte des coureurs au sourire béat. La suite ne sera que bonheur, l’endorphine secrétée y étant sans doute pour beaucoup. Ce n’est pas la douche froide au jet, ni le buffet campagnard et la sangria qui y changeront quelque chose. Non, ce dimanche matin je me suis couché, et malgré la réelle dureté de l’épreuve, comme une luciole scintillante. Ce n’est qu’au réveil, comme un canard boiteux, que j’ai pu réaliser l’exploit que j’avais accompli.

Luciole Boris.
dossard n°99 et 97ième au final.

n99

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